Tu viens me rendre visite régulièrement, trop fréquemment à mon goût.
Quand je crois t’avoir semée une bonne fois pour toutes, voilà que tu apparais à nouveau !
Tu es présente en mon creux depuis presque toujours, ai-je le sentiment.
Quand je te sens en mon sein dès le matin, le rejet et la panique se manifestent à grands cris.
Je commence ma journée avec toi, me disant que je n’y arriverai pas, que je ne veux plus de ta compagnie.
A ta présence se rajoutent ce sentiment de désespoir et les sensations qui vont de pair.
Pourquoi es-tu là ce matin encore ? Pourquoi ne me laisses-tu pas tranquille ? J’aspire à une pause, à ne plus te ressentir.
Alors je cherche le pourquoi de ta présence, ce qui vient te donner de l’importance.
Je cherche comment te faire partir, et me sentir enfin libre.
Je ne veux plus de toi, tu as fait assez de dégâts.
Je ne veux plus de tes visites, elles viennent me mettre à mal.
Quand je ne te sens plus plusieurs jours d’affilée, je souffle. Ça y est, tu es partie pour de bon.
…
« Coucou, me revoilà ! »
…
Et si, au lieu de te rejeter, de vouloir te faire disparaître pour que jamais tu ne te représentes à moi, j’acceptais ta présence ?
Et si je t’accueillais bien que cela soit inconfortable ?
J’ai le sentiment que tu entraves ma vie, que tu viens me restreindre, m’empêcher de vivre librement.
J’arrive parfois à t’amoindrir, à te redonner ta juste place.
Alors, si on apprenait à devenir copines ? Si je te laissais t’exprimer sans chercher à comprendre la raison de ta venue ? Si j’acceptais que tu sois là, le temps que tu partes jusqu’à ta prochaine visite ?
Je souffre de te subir. Je m’épuise à espérer que tu disparaisses et à déployer toutes sortes de stratagèmes pour te semer. Rien n’y fait, tu es là.
Et si on apprenait à devenir copines et que ta présence ne soit plus un frein mais l’occasion d’aller plus loin ? Plus loin dans l’acceptation de comment je fonctionne, de qui je suis et de quoi je suis faite ?
Si, enfin, j’apprenais à me réconcilier avec toi pour entendre et comprendre ce que tu as à me dire ?
Peut-être pourrions-nous faire de notre alliance une force ?
Aussi je vais apprendre, doucement, à t’accueillir pour ne plus te rejeter ni te subir.
Toi, cette boule d’angoisses qui vient se nicher en mon être, en mon creux.
Et un jour prochain, je souhaite pouvoir te remercier pour ce que tu m’auras aidé à franchir, à comprendre de moi et pour avoir appris la résilience.
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