Apprendre à prendre soin de nous.

A 40 ans passés, je prends pleinement conscience du mal que l’on peut s’infliger, que l’on s’inflige plutôt. Ce n’est pas une possibilité, c’est un fait.

On passe notre temps à entretenir une relation toxique avec nous-mêmes.

Pour ma part, je me juge, me dénigre,et me culpabilise en permanence, du matin au soir, 7 jours/7, 24h/24, été comme hiver.

Et je remarque qu’autour de moi c’est le cas pour beaucoup d’entre nous.

On passe la majeure partie du temps que l’on passe avec soi-même à se faire du mal, en ressassant, en anticipant, en projetant, en se regardant dans un miroir.

Vous savez quoi ? Nous sommes notre pire ennemi. Cette phrase banale est d’une vérité vraie.

Depuis notre naissance, nous voulons être acceptés, reconnus, aimés, regardés, admirés parfois, entendus, légitimes. Et, le bouquet final, nous voulons être nous-mêmes alors que nous adoptons des comportements biaisés par peur de décevoir ou d’être rejetés.

Qui pouvons-nous être réellement au milieu de tout ce fatras ? A quel moment pouvons-nous nous accorder le fait d’être nous-mêmes alors que nous sommes si occupés à vouloir répondre à des attentes que l’on a rendues vraies dans notre perception du monde, et qui font que l’on s’interdit de se tromper, que l’on se trompe soi-même de manière continue.

Nous nous fustigeons, nous accusons, nous victimisons sans relâche.

« Une maladie auto-immune est caractérisée par un dysfonctionnement du système immunitaire de l’organisme, entraînant l’attaque par l’organisme de ses propres tissus » (James Fernandez).

J’ai, depuis quelques mois, à nouveau la maladie de Crohn. Je m’attaque moi-même. Cette maladie illustre parfaitement ce que l’on est capable de se faire à soi-même.Je m’attaque à force de culpabilité, d’appréhensions, de non-amour envers moi-même, de doutes.

Alors, si on apprenait à prendre soin de nous-mêmes ? Si on apprenait à se donner ce que l’on attend que les autres nous donnent ? Si on apprenait, tout doucement, à se faire du bien, à se cajoler,…à se pardonner ?…Se pardonner de ne pas avoir le moral quelques fois sans se culpabiliser, se pardonner de se tromper, se pardonner de ne pas être parfait.

Apprendre à prendre soin de nous peut débuter par s’observer, noter nos comportements auto-destructeurs et en prendre conscience, sans se blâmer. Rien que ça. Prendre conscience que nous nous faisons du mal sous bien des formes et bien des comportements ou paroles. Puis, petit à petit, commencer par se corriger avec bienveillance et accueil. Et recommencer demain,et après-demain et après-après-demain.

Et, se rappeler en cours de route, que ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin.

Et le chemin qui mène vers un  meilleur amour envers soi-même est sans doute le plus beau des chemins à arpenter au cours de notre existence.

J’ai bien envie de l’emprunter, pas vous ?

Agnès Écrit par :

2 Comments

  1. Jim
    15 septembre 2024
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    Encore des mots très justes et qui décrivent fort bien ce douloureux rapport au miroir brisé que l’on entretient avec soi. Malheureusement d’une personne à l’autre les fêlures n’ont pas la même importance, et recoller les morceaux est bien plus faciles pour certains que pour d’autres, mais comme tu le dis, il faut au moins essayer, essayer de se pardonner ses erreurs, de s’accepter, enfin de s’aimer pour sortir des spirales auto-destructrices, malheureusement nous ne disposons pas tous des mêmes ressources mais essayons… et essayons d’aider ceux qui essaient.
    Une ligne d’une belle chanson ‘ »drôle de caroline ») de Philippe Léotard que j’ai toujours beaucoup aimé : ‘Un de ces jours, j’ai compris qu’il faut s’aimer soi-même pour faire l’amour à la vie »
    « Il faut

    • Agnès
      16 septembre 2024
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      Je te rejoins complètement.Si j’ai écris cet article c’est parce que, moi la première, je peine à m’apporter un regard bienveillant et que je peine à sortir de ce cercle auto-destructeur. Les blessures de l’âme et de l’être viennent nous ébranler et le chemin de la guérison est la quête de toute une vie, je crois. Je me sens emprisonnée de par mes peurs, mes angoisses, et mes critiques. Nous sommes mal et nous nous punissons d’être ainsi. C’est là où nous pouvons essayer d’agir : être dans notre accompagnement et ne pas charger encore plus notre sac à dos déjà bien assez lourd et rempli de nos blessures, de nos manques, de nos peurs. Apprendre à prendre soin de nous pour laisser de la place à la guérison.

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