Depuis sa venue au monde, on n’avait eu de cesse d’indiquer à la petite fille comment agir et comment se comporter, quel chemin il fallait emprunter pour arriver à telle destination.
Très tôt, on lui avait déposé dans ses toutes petites mains la boussole du monde extérieur. La boussole indiquait les directions de la vie, non pas en fonction des envies et des caractéristiques de la petite fille, mais en fonction des impératifs du monde extérieur, qui recouvrait les injonctions et projections de sa famille, les règles et leçons dispensées par l’école et les codes et normes de la société.
Perdue au milieu de tout cela, de ces « Il faut » et « Il ne faut pas », la petite fille tentait tant bien que mal de s’orienter dans la vie à partir d’éléments qu’elle n’avait pas choisis, mais qu’on avait décidés et choisis pour elle.
Désireuse d’être comme tout le monde et d’être acceptée, elle empruntait tout à tour des chemins sur lesquels elle trébuchait invariablement, ne comprenant pas la destination finale qui était attendue d’elle.
A force d’essuyer des échecs successifs, la petite fille nourrissait une piètre image et opinion d’elle-même. Elle doutait de sa valeur, de sa place et de sa légitimité dans ce monde. Un jour, alors qu’elle était en forêt, dans le périmètre qui lui était autorisé, elle voulu prendre un nouveau chemin. Ce chemin s’éloignait du chemin qu’elle avait le droit d’emprunter. Mais, poussée par le désir de le découvrir, la petite fille fit fî de ce qu’on attendait d’elle et décidait alors de partir à la découverte de ce si joli sentier. Que de merveilles jalonnaient ce chemin au goût de l’aventure ! La petite fille n’était nullement apeurée, au contraire, elle se sentait libre et vivante, elle était l’aventurière de sa vie ! Il s’avérait que le chemin rejoignait le chemin principal qu’elle avait pour consigne et habitude de parcourir. Heureuse, elle regagnait sa maison le sourire aux lèvres.
Forte de cette expérience, la petite fille réalisait qu’elle avait, pour une fois, choisi le chemin qu’elle souhaitait parcourir et que tout c’était bien terminé.
A partir de ce jour, elle décidait d’écouter sa boussole intérieure, celle qui se faisait l’écho de ses particularités, de ses souhaits et de ses rêves. Sur certains chemins, elle allait trébucher mais cela n’était pas grave car ces chemins empruntés étaient ceux qui lui correspondaient et ils étaient ceux qui la conduisaient à sa légitimité et à sa place dans ce monde.
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