Possibilités.

Assise derrière la fenêtre, elle contemplait les flocons qui tombaient, et se demandait où étaient passés ses rêves et ses possibles.

Elle se revoyait, petite fille, en train de rêver à tout ce qu’elle allait pouvoir vivre, ressentir, explorer, quand elle serait « grande ». Ce jour arrivé, il lui laissait un goût plutôt amer, avec des relents de déceptions, de découragements, trop imprégnés à son goût par  la résignation et le pragmatisme.

Où étaient -ils partis, tous ces projets et ces rêves ? Quand avaient-ils disparu ? Qu’est-ce qui lui était arrivé pour qu’elle se mette autant en retrait d’elle-même et de la vie ? Quand avait-elle choisi de se laisser entraîner par le quotidien et le raisonnable ?…Où était passée cette petite fille qui rêvait grand, qui se laissait la possibilité de croire que tout était possible ?

Car aujourd’hui, regardant le paysage se recouvrir d’une fine couche blanche, elle réalisait qu’elle s’était enlevé cette possibilité, celle de croire en ses rêves. Ce faisant, elle s’était amputée d’une partie d’elle-même au bénéfice d’un quotidien rassurant, connu…mais peu vivant.

Quand avait-elle osé la dernière fois ? Oser aller à la rencontre de la vie, pleine d’envies et de confiance en demain ? Quand s’était-elle autorisée à revenir et à ouvrir sa boîte à rêves ? Et à aller regarder toutes les possibilités qui s’offraient à elle, à aller regarder ses propres possibilités ?

Elle ne se souvenait plus. Habitée par l’incertitude permanente, le sentiment de ne pas être capable ou celui d’être invisible,ou à l’inverse de trop, elle avait au fur et à mesure des peurs et des ans érigé des murs qui l’empêchaient désormais de pouvoir aller regarder plus loin, plus haut et de découvrir de nouveaux horizons.

Où étaient passés son courage, son audace, sa volonté ? Putain, qu’est-ce qu’elle leur avait fait pour qu’ils capitulent face à l’habitude, le doute, et le « confort » ? Car elle se souvenait avoir lutté contre ces postures…Et aujourd’hui, elles avaient gagné. Elles avaient pris le pas sur la curiosité, l’envie d’explorer, sur la possibilité de vivre de nouvelles expériences. Et de se rencontrer et de se vivre pleinement et entièrement.

Car, en n’osant plus, en restant là où elle était, elle se privait d’une partie d’elle-même et de l’opportunité de venir la rencontrer, pour ensuite la vivre et l’incarner. Elle posait sur elle-même un regard sévère et négatif. Elle n’aimait pas la femme qu’elle voyait. Elle lui en voulait d’avoir étouffé la petite fille qui avait plein d’étoiles dans les yeux, qui à partir de trois fois rien se construisait la plus belle aventure. Elle s’était mise d’elle-même sur le bas côté de la vie, espérant qu’elle viendrait la chercher pour lui permettre de goûter à ses rêves.

Le manteau immaculé s’épaississant au-dehors, elle réalisait alors qui lui appartenait de se lever et de faire le premier pas. D’oser, à nouveau. Il lui revenait à elle de décider d’avoir de nouveau envie de se découvrir et surtout, de s’autoriser à nouveau à ouvrir son cœur pour laisser la place à ses rêves, anciens comme nouveaux.

Faire de la place, au milieu de ce monde bordélique et de moins en moins compréhensible et supportable, pour les rêves et ses possibilités.

Agnès Écrit par :

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