Face à elle-même.

Les années passant, il lui arrivait régulièrement de devoir se confronter à elle-même. De devoir affronter ses peurs et angoisses. De devoir aller à la rencontre de ses démons, d’aller regarder ses parts d’ombre. De devoir prendre conscience de ses schémas de pensées et fonctionnements, et les observer. D’observer combien elle avait érigé la prison qui, dans ses moments de tourmente émotionnelle, l’étouffait et la limitait.

Face à elle-même et à ses émotions, elle se sentait perdue, impuissante, défaitiste. Un schéma qui se répétait, encore et encore.

Une sombre spirale, qui l’entraînait toujours plus loin, plus profond, dans ce qu’elle redoutait et anticipait.

Face à elle-même, elle se sentait désarmée, faillible, dépassée.

Elle ne se faisait pas confiance. Elle ne croyait pas en elle ni en ses capacités. Elle ne croyait pas en la vie. Cette dernière lui faisait même peur.

Prisonnière de ses émotions, entravée par ses croyances limitantes, dépassée par ses pensées incessantes, elle peinait à retrouver sa respiration. Elle peinait à s’accorder un moment de répit. Elle peinait à croire en elle, à abandonner ses modes de fonctionnement destructeurs. Elle se raccrochait à ce qu’elle pensait l’aider dans ces périodes de troubles. A cultiver les mêmes réponses en attendant que la tempête passe. A mettre un pansement sur une jambe de bois. A entretenir ses illusions et à vouloir croire qu’elle avait un contrôle sur ce qui l’habitait, la hantait.

Face à elle-même, il lui arrivait de pleurer, de détester et rejeter ce qu’elle était, qui elle était. De vouloir être une autre. De vouloir être plus courageuse, plus volontaire, plus résiliente. D’espérer être moins torturée, moins apeurée, moins anxieuse.

Face à elle-même, elle savait pourtant que tout dépendait de sa manière de voir les choses, d’aborder la vie. Elle savait qu’il n’y avait pas de baguette magique. Qu’il n’y avait pas de super héros prêt à la secourir. Elle savait qu’elle devait se sauver elle-même de ce qu’elle créait, anticipait et projetait.

Qu’est-ce qu’elle pouvait ne pas s’aimer dans ces périodes de chamboulement et de bazar intérieurs !

Ces cycles revenaient régulièrement. Elle les affrontait régulièrement, se disant que la prochaine fois elle apportera une réponse différente, qu’elle saura accueillir avec bienveillance ce qui la traverse.

Face à elle-même, elle menait un combat contre elle-même, contre ce quoi elle était constituée. Elle savait ce combat perdu car elle n’était pas son ennemie. Et pourtant, à chaque fois elle reprenait les armes et partait à l’assaut de qui elle était.

Face à elle-même, pourtant, elle arrivait de plus en plus à observer ses comportements auto-destructeurs. Elle arrivait, par moments, à prendre une bouffée d’oxygène et à croire qu’elle était capable de décider d’un autre chemin.

Face à elle-même, face à ses angoisses, à ses craintes, ses doutes, elle essayait de plus en plus de faire preuve d’indulgence, comme elle le ferait avec autrui.

Finalement, face à elle-même, son plus grand combat était de ne plus avoir de combat. Et d’accepter que la vie la traverse, même à travers ces périodes sombres.

 

Agnès Écrit par :

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