Quand la peur entre en scène.

 Soudaine, inattendue, violente, ou encore de manière graduelle, la peur sait travailler son entrée en scène.

Tapie dans l’ombre, elle (re)surgit lorsqu’un souvenir ou une situation refait surface. Cette forme de peur est alors une passagère habituelle de notre être. Elle nous est familière et nous accompagne depuis toujours, peut-être. Elle remonte à notre enfance, ou même à un évènement encore antérieur. Issue des mémoires familiales, elle peut alors se transmettre de génération en génération, sans que l’on sache présentement quel est l’élément ou l’évènement qui l’a fait naître.

Je suis habitée par certaines de ces peurs, avec le sentiment que j’en ai héritées en venant au monde. De ce que j’ai vécu dans le ventre de ma maman, j’ai hérité de la peur d’être enceinte, de la peur de la perte et du danger (je ne peux pas lâcher notre chien lorsque l’on se promène, j’ai une peur incontrôlable qu’il s’en aille, qu’il lui arrive quelque chose. Il en est de même pour notre chat : je ne veux pas qu’il sorte dehors, de peur qu’il lui arrive quelque chose). Ma maman me raconte que petite, j’avais peur des camions de pompier et des voitures rouges. Et aujourd’hui encore, lorsque j’entends une sirène de véhicule de pompier ou lorsque j’en vois un, je suis fébrile. Et je sais que cette peur ne m’appartient pas. Je n’en suis qu’une victime indirecte et pour autant, elle vient m’impacter. Ce genre de peur irraisonnée vient prendre racine au sein de l’histoire familiale. Et viennent alors se greffer tout un tas de ramifications qui nous étouffent, nous empêchant d’être libre. Ces peurs sont profondes, comme une second peau. Impossible de s’en défaire d’un coup de baguette magique. Elles nous emprisonnement, nous conditionnent.

Réveillées, ce genre de peurs nous entravent, viennent fausser notre raisonnement et notre perception de la réalité. Nous bataillons avec elles et souhaitons de tout cœur qu’elles ne reviennent plus. Mais cela ne se passe pas comme ça. Il nous faut aller les rencontrer, les interroger, pour essayer de les comprendre, de comprendre d’où elles sont nées et si elles nous appartiennent ou non. Pour ensuite essayer de les apprivoiser et petit à petit, se défaire de leur emprise. Pour être libre d’être nous-même. Pour être libre de nos choix et de nos actions.

A ces peurs s’ajoutent les peurs liées à une mauvaise expérience. Par exemple, une chute lors de la pratique d’un sport. Aussi, quand l’opportunité de retenter ce sport ou cette activité se présente à nous, notre cerveau et notre corps nous envoient un message de danger : on a peur de se lancer à nouveau. Parfois, le meilleur moyen est de retenter l’expérience, et parfois non. Il faut apprendre à s’écouter et à faire le choix qui nous correspond le mieux.

Il y a aussi la peur de ce que l’on connaît pas. La peur quotidienne, ai-je envie d’écrire. Celle qui nous demande d’élargir notre zone de confort, de tester quelque chose que l’on ne connaît pas. Celle qui demande d’oser. Oser aller à la rencontre de l’inconnu. Oser se découvrir sous un nouveau jour. De ces peurs là, j’en suis pétrie !! Le quotidien et les habitudes sont rassurants. Ils viennent mettre une barrière entre nous et le reste du monde. Ils nous sécurisent tout autant qu’ils nous limitent. Ils ne sont ni bons ni mauvais. Simplement, ils nous emprisonnent à leur manière. Bien souvent, il suffit d’un premier pas pour aller à la rencontre de ces peurs et voir que finalement il ne s’agit que d’un mirage, d’une projection de notre mental. Et le fait de faire ces choses qui nous font peur nous amènent sur la voie de la délivrance, de la rencontre avec soi. Et comme on peut se sentir libéré(e) et bien une fois que l’on s’est lancé(e) !! « Ah y est, je l’ai fait ! J’ai osé ! J’en suis capable et je suis fier(e) de moi » !

La peur peut nous vouloir du bien comme elle peut nous vouloir du mal. Certaines peurs ont leur raison d’être  : elles sont là pour nous alerter, pour nous demander d’être vigilant(e) ou prudent(e). D’autres peurs, une grande majorité à mon sens, ne sont là que du fait de nos conditionnements, de ce que l’on s’est raconté pour avoir une bonne raison de ne pas essayer ou de ne pas tenter. On se crée nous-même nos propres barrières. On est notre propre bourreau et notre propre victime. Ces peurs sont renforcées au fur et à mesure des années, s’ancrant de plus en plus dans notre être et petit à petit, elles viennent ternir notre capacité à choisir et à décider. Sous leur coupe, on passe à côté de nouvelles expériences, de nouvelles sensations. On passe à côté de notre plein potentiel.

Il y a les bonnes peurs et les mauvaises peurs. Par mauvaises, j’entends celles qui nous empêchent pour des raisons non fondées ou non justes. Par contre, les bonnes peurs, celles qui sont là pour nous pousser, celles qui nous appellent à tenter quelque chose de nouveau, elles, sont précieuses. On sait qu’une fois dépassées, elles nous emmèneront là où nous devons aller. Elles savent être un guide. Elles nous indiquent la voie à suivre.

Enfin , je souhaite terminer cet article par les peurs qui renvoient à nos craintes, à notre manque de confiance en nous. Ces peurs qui viennent révéler nos points faibles, qui laissent poindre nos parts d’incertitude. Elles sont le pendant de nos doutes, de notre manque d’amour envers nous-même. Elles viennent réveiller ce que l’on redoute. Si elles venaient à se concrétiser, on craint de ne pouvoir s’en relever. Elles sont celles qui nous indiquent notre fragilité et notre vulnérabilité. Mais aussi nos axes d’introspection et de travail.

La peur sait être la meilleure ou la pire des compagnes de route. Le message qu’elle nous délivre, en fonction de son origine et de sa nature, n’est jamais le même. Elle peut renvoyer à un évènement familial ou à un traumatisme de l’enfance, elle peut avoir eu une fonction mais ne plus en avoir aujourd’hui, elle peut être née d’un évènement extérieur ou alors d’un raisonnement interne (justifié ou non), elle peut être éphémère ou bien récurrente, elle peut être une faiblesse ou bien une force. Elle peut être justifiée ou non.

Le peur nous invite à aller regarder à l’intérieur de nous. Elle nous incite à apprendre à nous connaître et à décider si elle nous est utile et/ou opportune, si elle nous offre la possibilité de venir nous enrichir, une fois dépassée, ou si encore elle est le résultat d’un conditionnement et si ce dernier a encore lieu d’être ou non.

La peur, quelle qu’elle soit, porte en elle une mémoire, un message ou bien encore une opportunité. Il importe, dans tous les cas, d’écouter ce qu’elle vient nous dire et d’aller à sa rencontre. Et de choisir, dans la mesure du possible et de nos dispositions, quelle place et poids nous lui laissons et de quelle manière nous souhaitons la transmuter,  si nous la conserverons ou si nous nous en affranchirons.

Agnès Écrit par :

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