Garder son âme d’enfant. Et ne pas la perdre en chemin.
Devenue adulte, j’ai parfois le sentiment que le poids des responsabilités et des « il faut se comporter comme ça, donner l’exemple, être sérieuse, arrêter de faire l’enfant » sont venus m’accabler. Comme si être adulte, c’était arrêter de s’amuser et d’être spontané(e). Comme si on devait revêtir un costume de grand, et laisser le costume de super-héros ou de princesse dans le placard, et les rêves qui vont avec. Comme si on devait adopter un comportement de façade car c’est comme cela que les adultes doivent se comporter.
Comme si, devenu(e) adulte, on devait abandonner une part de nous. Comme si notre enfance et notre adolescence étaient dissociables de nous. Des êtres que nous avons oubliés. Des êtres que nous ne sommes plus une fois « grand(e)s ». Laisser ces parties de notre vie derrière nous, le plus loin possible. Et ne leur laisser qu’une petite place, le court temps des souvenirs.
Pour Noël, Pierre m’a offert la gare King’cross Harry Potter en Légo ! Et j’ai adoré ce cadeau!! J’ai aimé le découvrir, aimé le regarder et aimé le construire. Le temps de ce montage, l’Agnès enfant et l’Agnès adulte étaient réunies. Je me suis sentie heureuse, pleine de vie et de magie !
Aujourd’hui et pour le reste de mon existence je veux être toutes les parts d’Agnès. Chacune a sa place. Chacune a ses particularités et je n’ai pas à choisir entre l’une ou l’autre.
Je suis enfant quand je regarde pour la 10ème fois Harry Potter ou que je joue à des jeux de société, ou lorsque encore je saute à pieds joints dans une flaque d’eau. Je suis adolescente lorsque je relis mes journaux intimes ou les lettres que l’on s’écrivait ma meilleure amie et moi, ou quand je me refais l’intégrale de Dawson (eh oui!). Je suis justement adulte quand j’accorde du temps à l’Agnès enfant et à l’Agnès adolescente, que je leur permets de s’exprimer, de dire ce qu’elles n’ont pas osé, ou pu, dire à leur époque de vie. Quand je les accompagne à renouer avec leurs sentiments et leurs ressentis, et que je les aide à guérir certaines blessures, avec le recul et là où j’en suis aujourd’hui.
Regarder la vie avec ses yeux d’enfant, c’est l’apprécier avec simplicité, à sa juste valeur. Sans toutes les strates qui sont venues obscurcir et biaiser notre regard et notre perception du monde.
Goûter la vie avec son âme d’enfant, c’est la savourer pleinement avec authenticité et gourmandise. Sans tous ces préceptes et politiquement corrects que l’on nous a inculqués.
Ressentir la vie avec son cœur d’enfant, c’est laisser la place à la magie et à la découverte. C’est permettre à la vie de nous surprendre et de nous émerveiller. Sans les blessures et les chagrins qui sont venus façonner notre cœur et qui l’ont rendu plus hermétique, plus hostile à la vie.
Respirer la vie avec sa joie et son innocence d’enfant, c’est la vivre pleinement et inconditionnellement. Sans ces pollutions mentales et sociétales qui sont venues petit à petit amoindrir notre plaisir d’être en vie.
Garder son âme d’enfant. Accorder de l’attention à l’adolescent(e) que nous avons été. C’est justement en renouant avec ces parties de nous et en les incarnant que nous sommes des adultes pleins et entiers. Et non pas en les mettant de côté. Elles ont participé et participent encore à qui nous sommes aujourd’hui.
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