On a tous une commode à tiroirs en chacun de nous.
Pour ma part, je visualise ma commode en bois ancien, patiné par le temps et les expériences, avec ici et là des petits éclats de bois partis, un tiroir ou deux qui s’ouvrent avec résistance et d’autres qui s’ouvrent avec facilité. Certains tiroirs sont fermés à clé, d’autres encore sont fragilisés à force d’être ouverts et refermés fréquemment.
Ma commode m’accompagne depuis toujours, j’y ai rangé tant de choses et de souvenirs !
Il y a le tiroir des merveilleux moments, ceux-là qui donnent à ma vie sa beauté, sa richesse et sa particularité. J’y retrouve avec joie les moments passés avec les êtres aimés, les moments où je me suis sentie apaisée, vivante, heureuse.
Il y a le tiroir des peurs, un de mes tiroirs fermés à clé. Il me faut beaucoup de courage pour oser l’ouvrir et aller regarder ce qui j’y ai rangé. Quand je tourne sa clé dans la petite serrure en métal doré, je prends à chaque fois une grande respiration : il est difficile d’aller à la rencontre de ses peurs et de s’y confronter. Ce tiroir est fermé à clé par précaution, je ne voudrai pas que mes peurs s’échappent et viennent inonder ma vie. Mais elles sont bien là, sécurisées dans leur tiroir. Et quand je suis prête à aller regarder plus près l’une d’entre elles, ou lorsque la vie ne me laisse pas le choix, j’ouvre ce tiroir. Certaines peurs ont disparu, d’autres sont là depuis presque toujours, et d’autres sont venues s’y rajouter. Certaines sont toujours aussi effrayantes, d’autres ont perdu en volume et prennent moins de place dans mon tiroir, à force d’être allée les regarder et d’avoir travaillé dessus. Est-ce qu’un jour ce tiroir sera vide ? Je ne le crois pas. Les peurs font partie intégrante de notre vie. Elles sont là au même titre que les jolis souvenirs. Elles nous composent et participent à qui nous sommes tout autant que le reste.
Il y a le tiroir où je range les évènements où j’ai été mise à mal et que j’ai su dépasser. Je vais y puiser le courage et la résilience nécessaires pour, une fois encore, affronter l’obstacle mis sur mon chemin. J’y trouve également le courage et la volonté. Je suis reconnaissante d’avoir ce tiroir. Il est la preuve tangible que j’ai les ressources pour vivre et dépasser un épisode difficile de mon existence.
Juste à côté, il y a le tiroir des trucs un peu fous que j’ai pu faire ! Qui rassemble les souvenirs où j’ai osé faire des choses dont je ne me croyais pas capable, celui qui renferme mon côté « bad girl et badass ». Putain, qu’est-ce qu’il est chouette ce tiroir ! C’est peut-être celui qui contient les souvenirs et expériences où je me suis sentie la plus vivante, la plus moi. Celui-là, je l’ouvre fréquemment, surtout lorsque je doute de moi et de mes capacités.Il vient me redonner confiance en moi et est le témoin de mon envie de vivre la vie à fond.
Tout en bas, au dernier étage de ma commode du côté gauche, il y a le tiroir de mes blessures. Ce tiroir grince quand je l’ouvre, comme s’il se faisait l’écho de la douleur et de la peine qui y sont contenues. Celui-ci aussi est fermé à clé. La petite clé tourne avec résistance dans la serrure. Une fois ouvert, il n’est pas rare que les larmes accompagnent mes mains lorsqu’elles se saisissent de l’une de mes blessures encore non guéries. Ce tiroir comprend aussi les blessures en cours de cicatrisation et celles entièrement guéries. Ce tiroir aussi a toute sa place et sa légitimité au sein de ma commode. Même si, parfois, je souhaite très fort qu’il disparaisse à jamais. Il est le témoin que la vie est duelle, qu’elle est composée d’ombre et de lumière. Il est aussi le tiroir qui m’amène à progresser et à prendre du temps pour moi, à panser ce qui doit l’être.
Ma commode est également composée d’un petit tiroir, un tiroir à part. Le tiroir de ma Grand-mère. Y sont rangés des affaires lui ayant appartenu, son odeur, nos moments de complicité et de partages, nos nombreux repas en tête à tête, la petite photo en noir et blanc d’elle et de Grand-père le jour de leur mariage. Ce tiroir est précieux. Il est celui de la petite fille qui vit en moi et à qui sa Grand-mère manque.
Il y a le tiroir de mes histoires d’amour et de mes flirts, qui, lorsque je l’ouvre, me ramène à l’enfance et à l’adolescence.
Il y a le tiroir Pierre et moi, celui qui contient notre première rencontre, notre premier baiser, nos débuts, nos rêves et projets, nos incompréhensions et nos disputes, nos réconciliations, nos espoirs, notre envie de continuer le chemin ensemble. 22 ans de ma vie y sont rangés, autant dire qu’il est bien rempli !
Il y a le tiroir de mes amitiés, passées et présentes. Celui-ci est placé au centre du meuble. De merveilleux souvenirs et fous rires le remplissent ! Je viens y chercher du réconfort et du soutien. Il déborde d’amour, de complicité, de partages, de secrets. De la peine, de la déception et des larmes y sont également présentes. Tout ce qui compose une histoire d’amitié.
Et puis il y aussi le tiroir des regrets et le tiroir des rêves. Ces deux là sont côte à côte, complémentaires.
Et il y a le tiroir de ma famille, grandement rempli des moments et souvenirs avec mes parents, mes frères et mes cousins et cousines.
Juste en dessous, il y a le tiroir de mes animaux : ceux qui sont venus colorer ma vie et ceux qui aujourd’hui lui apporte amour inconditionnel, sincérité et authenticité.
Ma commode compte beaucoup de tiroirs ! Il y en a encore d’autres, tous remplis sauf un: celui des instants à venir, des moments à saisir, des souvenirs à créer. Son contenu est en devenir et j’aime croire qu’il contiendra tous les possibles de mon existence.

Soyez le premier à commenter