Ces bribes de vie. Ces instants brefs. Ces fragments d’êtres. Ces miettes de puzzles de vies.
Ces petits riens que me mangent le cœur et le font battre.
Cet homme, hier, dans le tram. Qui avait l’air de ne pas posséder grand chose. Qui avait l’air d’avoir pris de plein fouet la dureté de la vie et ses injonctions. Cet homme à l’air triste et seul, perdu, anonyme parmi la foule humaine. Comme chacun d’entre nous, finalement. Cet homme est venu m’émouvoir en plein cœur lorsqu’il a sorti une montre-gousset de la poche de son manteau, usé par le temps, à l’image de celui qui le portait. Un manteau tâché, tout comme la vie était venue marquer ce visage fatigué.
Cette montre devait appartenir à son père, peut-être, ou bien à un autre être cher. Un héritage, un lien, une histoire. Je ne saurai dire pourquoi, mais cette scène saisie m’a énormément touché.
J’aime ressentir ce que ces petits bouts de vies viennent provoquer en moi. Ils sont pour moi l’ouverture à l’autre et le chemin qui mènent à notre humanité. Ainsi qu’à l’empathie et la compassion. Des valeurs et sentiments chers à mon cœur.
Être assise dans un café, et observer ce père et sa fille, complices. Cette petite fille sous la garde de son grand-père, qui l’enjoint à contourner la barrière qui entoure l’aire de jeux. Cette petite fille qui n’écoute pas son grand-père et passe par-dessus l’obstacle. Décidant elle-même du chemin qu’elle emprunterait et décidant aussi, sans le savoir, qu’elle arpenterait les chemins de la vie qu’elle même aura choisis.
Cette jeune femme avec qui j’ai échangé quelques paroles et des sourires. Ce chien qui attend son maître devant l’enseigne d’un magasin. Cette discussion entre deux vieilles amies.
Ces moments volés, dérobés à ceux qui les vivent et qui, l’espace d’un instant, m’appartiennent presque autant qu’à eux. Ces scènes de vie qui s’entremêlent dans un tableau plus grand.
Ces petits détails, ces discrètes attentions, ce sourire en coin, ces petits riens qui révèlent une infime partie de tous ces anonymes de la vie et dévoilent une part de qui ils sont. Je les aime.
Ces brèves de vies.
Toujours une très belle écriture sensible pour saisir des instantanés de velours et une belle intelligence du coeur qui te fait honneur.