En ce jour de la Toussaint, je pense à toi Grand-mère. Ces vitraux de la cathédrale de Chartres, je les ai pris en photo le lendemain de tes obsèques. Rares ont été les fois où j’ai ressenti le besoin d’entrer dans un lieu saint. Mais en ce lendemain de cette triste journée, j’ai voulu pénétrer un endroit tranquille, pour me recueillir et penser à toi.
Repenser à ce qui c’était passé la veille et tenter d’intégrer cette nouvelle donnée, cette nouvelle réalité : celle de ton départ. Arpenter mon chemin de vie sans plus jamais pouvoir serrer ta main ni pouvoir te parler.
Il n’y a pas d’âge pour pleurer ceux qui nous quittent. Il n’y a pas d’âge pour que son monde vacille suite au décès de sa grand-mère. Il n’y pas d’âge pour être prêt(e) face à la mort de nos proches et à continuer notre vie sans eux.
Une vie qui, avec les années, nous fait parfois nous sentir plus seuls qu’auparavant. On avance comme on peut, titubant, trébuchant, luttant, résistant. On perd en cours de route des personnes qui nous sont chères et leur départ sonne la fin d’une époque de notre existence.
Ces adieux marquent notre vie. Nous font grandir, qu’on le veuille ou non. La mort a cette capacité à nous rappeler que notre vie est éphémère, que nous ne sommes que de passage.
Avec ton départ, Grand-mère, une page de ma vie s’est tournée. Et avant cette page, nombre de pages ont été tournées et de nombreuses restent à écrire, je l’espère. Mais je saurai toujours retourner à cette page, et à celles d’avant, pour revivre ces moments partagés avec toi et, le temps d’un moment suspendu, être auprès de toi à nouveau dans ta cuisine en train de prendre le thé ou alors te regarder faire tes mots croisés dans ton petit fauteuil jaune. Et savourer cette odeur d’enfance, où rien ne pouvait m’arriver puisque j’étais avec toi.
Ces pages que nous avons écrites ensemble, rien que nous deux ou en famille, je les chéris : elles sont ce qui me reste de toi. Des bouts de nos deux vies, des bouts de toi, et des bouts de moi.
Elles sont le témoin du sablier qui s’égrène. Ton sablier en comptait des milliers de grains, Grand-mère ! Autant de moments de vie, de moments heureux, de moments malheureux, de choix à prendre, de rires, de pleurs, de regrets, de pertes, de désillusions, de peines, de chagrins, de joies…Tous ces petits grains sont désormais tous réunis, au fond du sablier qui forme le réceptacle de ta vie, Grand-mère. Ils sont tous là ces petits grains et j’aime l’idée de me retrouver dans certains d’entre eux. Comme j’aime l’idée que tu sois dans certains de mes petits grains à moi.
Le sablier s’écoule pour tout le monde. Il est réconfortant de penser que ces petits grains de nous, de notre vie, contiennent les moments partagés avec ceux qui nous sont chers. Ils sont le témoin de notre vie partagée.
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