Depuis qu’elle était venue au monde, un nuage l’accompagnait. Une présence qui planait au-dessus d’elle.
Ce nuage, selon les jours, était foncé et lourd, menaçant, lointain ou bien rapproché, parfois il lui arrivait d’être blanc. D’autres fois, ce nuage ne pouvait cesser de pleurer.
La petite fille en avait fait son ami de tous les jours. Alors que pour les autres le soleil brillait, le nuage ne cessait jamais de la suivre.
Quand les choses étaient trop lourdes pour elle et qu’elle n’arrivait pas à reprendre son souffle, étouffée par toutes les émotions qui l’habitaient, elle avait remarqué que c’étaient les jours où le nuage était le plus sombre, le plus dense et qu’il ne cessait de pleurer en déversant sur sa tête des milliers de gouttes d’eau.
Les jours où elle arrivait à sourire, à se défaire un instant de tout ce qui l’entravait, le nuage se faisait plus blanc, plus discret. Il pouvait même laisser passer les rayons du soleil, le temps d’un soupir.
Plusieurs fois la petite fille avait questionné le nuage : « Dis Nuage, pourquoi es-tu toujours au-dessus de moi ? Pourquoi pleut-il aussi souvent au-dessus de moi et pas au-dessus des autres ? » Le nuage ne lui répondait jamais. Elle se couchait avec pour le retrouver chaque lendemain. Sa présence la rassurait, quelque part. Il était celui qui ne la quittait jamais. Il était celui qui jamais ne l’abandonnerai. Il était celui qui était présent, chaque jour.
Un matin, en se levant, elle se sentit prise par un profond sentiment de solitude, de tristesse et de détresse. En ouvrant ses volets, elle vit le nuage noir comme jamais. Il était rempli de trop de tout et bientôt il se mit à déverser des milliers et des milliers de litres d’eau. La petite fille, une fois sortie de la maison, mêla ses larmes à celles du nuage. Toute la journée le nuage ne cessa de pleurer. Toute la journée elle se sentit seule au monde, incomprise et débordée par tout ce qui la mangeait de l’intérieur. De retour à la maison, trempée, à bout, elle sortit dans le jardin et hurla en s’adressant au nuage » Nuage, pourquoi m’as-tu fait cela aujourd’hui ? Pourquoi n’as-tu cessé de pleurer sur moi ? Qu’es-ce que je t’ai fait ? Pourquoi ne me laisses-tu jamais tranquille ? »
« Petite fille, je n’ai rien fait contre toi. Depuis toujours, depuis ton premier cri, je ne suis que le reflet de ton intérieur, de ton âme et de ton coeur. Tu es venue au monde pleine de tristesse, de désarroi et de peurs. Quand tu es tourmentée, perdue, n’as-tu pas remarqué que j’étais alors plus sombre, plus enclin à faire pleuvoir au-dessus de toi ? Et les rares fois où tu es heureuse, où tu souris, n’as-tu pas remarqué que j’étais loin loin loin au-dessus de toi et que tu me voyais à peine ? Je suis présent car la tristesse, la mélancolie et le chagrin sont présents en toi. Je suis le témoin de ton monde intérieur. Ce n’est pas à moi qu’il faut demander de partir : ce sont à tes blessures, à ta peine, à tes peurs, à tes insécurités, à tes doutes. Bien sûr que tu ne pourras pas les chasser en un claquement de doigt, bien sûr que cela va te demander d’effectuer un choix : as-tu envie d’essayer d’être heureuse ? Ou préfèreras-tu aller te réfugier dans ce qui t’es familier ? Aujourd’hui, tu sais pourquoi je suis présent dès que tu ouvres les yeux jusqu’à ce que tu les fermes. Il t’appartient de choisir le soleil comme il t’appartient de choisir de chercher ce qu’il y a de beau en toi. Ce ne sera pas facile. Ce ne sera pas linéaire. Ce ne sera jamais acquis. Toute ta vie, il te reviendra de choisir de regarder le monde en y voyant le beau, de choisir de t’aimer et de faire de ton mieux. Au début, je serai encore là. Et puis, de moins en moins. Il m’arrivera de revenir, comme un vieil ami que tu n’as pas vu depuis longtemps. Et ce ne sera pas grave. Il te faudra accueillir avec bienveillance ma présence. Accepter les bas car la vie est équilibre. Et l’on ne saurait apprécier autant le soleil si la pluie ne venait pas le chasser. Il te suffit simplement de croire en la beauté et en la magie de la vie, de croire en toi, et alors, en regardant le ciel et en me voyant plus clair, plus éloigné, tu sauras que tu es sur le chemin de ta vie. Une vie avec moins de larmes, une vie avec moins de pluie. Une vie avec des arc-en-ciel. Une vie avec des rayons de soleil. Alors vas-y, n’attends pas ! Lance-toi, émerveille-toi ! ».
Depuis ce jour, la petite fille choisit de faire plus de place à l’amour, à la joie, à la beauté. Devenue adulte, il lui arrivait de regarder le ciel et d’y retrouver le nuage, qu’elle accueillait comme un vieil ami. Avec amour et bienveillance.
Encore un très joli conte poétique d’une grande beauté et avec beaucoup de sensibilité. Bravo.
Merci Jim pour ce joli commentaire !!!!!
Merci pour ce très beau partage, Merci pour tout !
Love.